mardi 3 décembre 2013

Toulouse : vente aux enchères d'une des premières images de la colonisation européenne en Amérique

Une peinture du 16ème siècle représentant un chef indien du Nouveau Monde sera vendue aux enchères mardi à Toulouse. Elle est attribuée à un dessinateur-cartographe du roi de France Charles IX et intéressent les musées anglais et américains. 
"Outina, chef Timucua" est attribuée à Jacques Le Moyne de Morgues, dessinateur du roi Charles IX.
"Outina, chef Timucua" est attribuée à Jacques Le Moyne de Morgues, dessinateur du roi Charles IX.
C'est un tableau de 58,5 centimètres sur 42,5 centimètres, à l'encre et aquarelle sur panneau de peuplier ou tilleul. Il est attribué à Jacques Le Moyne de Morgues, dessinateur et cartographe du roi de France Charles IX. Celui-ci faisait partie de l'expédition de 1564 destinée à fonder une colonie française et protestante en Floride. 
La peinture, sans doute l'une des premières représentation de la colonisation du Nouveau Monde, représente un chef indien. Elle a pour titre "Outina, Chef Timucua". 
Vendue mardi aux enchères, l'oeuvre a été découverte par un commissaire-priseur toulousain qui a déjà fait parler de lui il y a peu en vendant un rouleau impérial chinois pour 22 millions d'euros. Cette fois, le tableau représentant un chef indien pourrait bien intéresser musées et institution américains.

Outina, chef Timucua
Outina, chef Timucua

Qui était Jacques Le Moyne de Morgues ?
Né en 1533 à Dieppe, le protestant Jacques Le Moyne de Morgues n'est connu du public que pour quelques dessins que l'on peut encore admirer dans certains musées. Dessinateur et cartographe, il participe à la seconde expédition de Jean Ribault dans le Nouveau Monde. Jacques Le Moyne de Morgues était avec Ribault et Laudonnière lorsqu’ils sont arrivés en Floride française en 1562 et ont fondé Charlesfort, puis Fort Caroline en 1564.
Le Moyne de Morgues reproduit paysages, flore, faune et autochtones du Nouveau Monde. Il a particulièrement dessiné les Timucua, peuple amérindien qui vivait au sud-est de la Géorgie, au nord-est et centre-nord de la Floride.
Lorsque les colons entrent en conflit avec la colonie espagnole de Saint-Augustine,les Espagnols donnent l’assaut à la colonie et massacrent la majeure partie des Huguenots. Laudonnière et Le Moyne réussissent à s’échapper et gagnent l'Angleterre. C'est dans ce pays, à Londres, que le dessinateur mourra en 1588. 
Tous ses dessins, à une exception près, sont censés avoir été détruits lors de l’attaque du fort Caroline par les Espagnols. Le compte-rendu détaillé du voyage de Le Moyne, Brevis narratio eorum quae in Florida Americai provincia Gallis acciderunt, a été publié en 1591.

dimanche 10 novembre 2013

Republicans love France...


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Et aprés la Lybie, la Syrie, le Mali, maintenant la Centrafrique...

Washington a salué aujourd'hui le "leadership" de l'armée française en Centrafrique, où elle vient de renforcer la force panafricaine pour tenter de rétablir la sécurité dans le pays, en proie à l'anarchie et aux violences inter-religieuses.

"Nous sommes certains que le puissant leadership de la France qui a envoyé 800 soldats supplémentaires sur le terrain et son soutien à la force panafricaine présente en Centrafrique (Misca) envoient à toutes les parties le message clair que la violence doit cesser", a déclaré la porte-parole adjointe du département d'Etat Marie Harf (...)

http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2013/12/06/97001-20131206FILWWW00690-washington-salue-le-leadership-de-la-france.php

mardi 5 novembre 2013

L'inoubliable design de Raymond Loewy


Le "père du design industriel" aurait eu 120 ans ce mardi. Retour sur la carrière d'un Français au succès planétaire honoré aujourd'hui par Google.

Raymond Loewy immortalisé par les studios Harcourt

"Beau, brillant, élégant et... français." Raymond Loewy a beau avoir une gueule tout droit sortie d'un film d'Otto Preminger, avec ses cheveux grisonnants impeccablement brushés, sa moustache bien taillée et son regard torve, il n'en reste pas moins français, et a dignement représenté son pays outre-Atlantique lorsqu'il s'y est installé en 1919.
Si son nom n'évoque rien pour le quidam, les affranchis du design le connaissent bien. Après avoir d'abord travaillé un temps comme illustrateur de mode pour les journaux Vogue et Harper's Bazaar, il s'est surtout distingué pour ses logos et son dessin industriel. Considéré par certains comme "le père du design industriel", on lui doit dès les années 1930 le logo Shell, plusieurs objets de la marque Coca-Cola, les voitures Studebaker et le réfrigérateur Coldspot. Avec cet appareil électroménager, c'est le début de la gloire : en 1938, le voilà naturalisé citoyen américain. 
Un bus Greyhound designé par Raymond Loewy

Air Force One, le Concorde et la Nasa

En 1940, le président d'American Tobacco Co parie 50 000 dollars qu'il ne parviendra pas à améliorer l'emballage du paquet de cigarettes Lucky Strike : Loewy relève le défi, repeint le fond vert du paquet en blanc - réduisant du même coup les coûts d'impression -, et fait apparaître le logo des deux côtés de l'emballage, augmentant du même coup la visibilité de la marque... et ses ventes. Le succès est total. Son agence, Raymond Loewy Associates, s'agrandit et compte alors 150 employés. Il passe alors à la taille supérieure et s'attaque aux locomotives du chemin de fer de Pennsylvanie, poursuit sa collaboration avec les autos Studebaker en imaginant notamment l'Avanti.
Le fameux paquet de Lucky Strike vu par Loewy
 
L'Avanti de Studebaker
Il revient en France en 1953 et crée la Compagnie de l'esthétique industrielle (l'anglicisme "design" lui a depuis été préféré), d'où sortent les logos des biscuits Lu, de New Man (dont la particularité est de se lire dans les deux sens), Coop, L'Oréal, Monoprix. Mais les transports l'intéressent toujours, puisque le président américain J. F. Kennedy lui commande l'aménagement et la décoration intérieure de l'Air Force One, avant qu'Air France ne lui en demande autant pour son Concorde en 1976. Toujours plus haut : c'est ensuite la Nasa qui le mandate pour réaliser le design de l'intérieur de la station spatiale Skylab. Un hommage lui est même rendu dans Aviator, de Martin Scorsese, dans lequel il est évoqué. Celui qui fut le premier designer industriel à faire la "une" du Time magazine a même été reconnu comme l'un des "100 Américains les plus influents du XXe siècle" par le prestigieux hebdomadaire.

Aujourd'hui encore, 27 ans après sa mort, sa mémoire est célébrée chaque année lors de la remise d'un prix qui honore le travail de designers au parcours hors du commun, tels Dieter Rams et Philippe Starck. Ce mardi, Google lui consacre même son Doodle, pour le 120e anniversaire de sa naissance. Loewy rejoint ainsi d'autres personnalités remarquables, telles que NietzscheSchrödingerRoland GarrosLéon Foucault, et même... la sorcière d'Halloween. Nul doute que Loewy fait partie des grands.

dimanche 8 septembre 2013

Kerry delivers a love letter to France, in French

 French, it is said, is the language of love.
U.S. Secretary of State John Kerry flaunted his fluency in the language on Saturday to deliver something of a love letter to France, one of the few world powers that seems likely to join the United States in any military action against Syria.
Following the British parliament's August 29 vote to reject any British use of force against Syria, which the United States accuses of gassing its own people with sarin,France has made no secret of its desire to play Washington's supporting partner.
Speaking in French for eight minutes beneath the gold-painted cherubs of one of the Quai d'Orsay's elegant salons, Kerry traced the history of U.S.-French relations beginning from the American Revolution, while glossing over their many tiffs.
"When he visited General de Gaulle in Paris more than 50 years ago, President Kennedy said, and I quote, 'The relationship between France and the United States is crucially important for the preservation of liberty in the whole world,'" Kerry said.
"Today, faced with the brutal chemical weapons attacks in Syria, that relationship evoked by President Kennedy is more crucial than ever," he added.
Not to be outdone, French Foreign Minister Laurent Fabius broke a taboo by speaking in English at a news conference in the Foreign Ministry's elegant building on the banks of the Seine, where he once chided a reporter, "Here, sir, we speak French."
While Kerry's performance might be seen as flattering a French government that is one of the few to back U.S. President Barack Obama's call for air strikes to deter Syria from using chemical arms, it may help convince a skeptical French public.
An IFOP poll published on Saturday showed 68 percent of French were against an intervention in Syria.
France took no part in the U.S.-led invasion of Iraq in 2003, which it strongly opposed, but joined the United States, Britain and others in a military intervention that helped oust Libyan dictator Muammar Gaddafi in 2011.
POLITICAL LIABILITY, DIPLOMATIC ASSET
Kerry, who learned French as a boy, found his fluency a liability during his 2004 U.S. presidential campaign, feeding an image of the Democrat as a wealthy elitist that his Republican opponent, then-President George W. Bush, exploited.
As a diplomat, however, it is an asset, allowing him to speak directly to the French about their unhappy history with chemical warfare during World War One as one reason why the French government is sensitive to its alleged use in Syria.
"Some of the very first lethal chemical weapons attacks happened here, on French soil, during the First World War and a large number of these victims of these deadly, indiscriminate weapons were young French soldiers, just 19 or 20 years old," he said.
Fabius, an experienced politician best known for having been France's youngest prime minister, showed a rare moment of intensity and outrage about an August 21 attack in Syria in which the Syrian government is accused of using sarin gas.
Syria, embroiled in a 2-1/2-year-old civil war in which more than 100,000 are believed to have died, denies that.
"You have to look at the images of these children in rows with the shrouds over them, not an injury, not a drop of blood? And they are there and they are sleeping forever," Fabius said, visibly shaken.
"There's a dictator who did it and is ready to start again," he said gesticulating with his fists. "This concerns us, too. You can't say that globalization is everywhere except for terrorism and chemical weapons."
As if to underscore their countries' ties, Kerry and Fabius went for a walk outside the Foreign Ministry on a pleasant Paris evening, where, later, the sky to the west was lit with gold and to the east by a rainbow.
"France and the United States stand shoulder to shoulder. Some ask why? Just look at history. Each time that the cause is just, France and the United States stand together," Fabius said.

"We are exceedingly grateful to have France by our side," said Kerry.

samedi 31 août 2013

US flatters ‘oldest ally’ France after shock UK vote on Syria


© AFP

US Secretary of State John Kerry called France America’s “oldest ally” Friday as he praised the country for its support of military action in Syria. France is now the US’s only major ally over Syria after the UK ruled out taking part in any strikes.

US Secretary of State John Kerry on Friday welcomed French support for possible military action against the Syrian regime, describing the country as America’s “oldest ally”.
After the US’s traditional ally Great Britain ruled itself out of any military strikes against the Assad regime in a parliamentary vote Thursday, Washington has looked in danger of becoming internationally isolated in its efforts to push for a military intervention.
However, French President François Hollande reaffirmed his country’s support for military action on Friday, telling French daily Le Monde that he supported taking “firm” punitive action in response to the Assad regime’s alleged use of chemical weapons.

France now looks like being the US’s only major international partner in any possible strike on Syria.
"America should feel gratified. We are not alone in our condemnation and we're not alone in our will to do something about it and to act," Kerry said.
"Our oldest ally, the French, said the regime committed this vile action and it's an outrage to use weapons that the (international) community has banned for the last 90 years in all international conventions."

Franco-US military alliance would be ‘unparalleled’

Washington's warm words for France represent a significant turnaround from the hostility of a decade ago, when France refused to back the 2003 US-led invasion of Iraq.
France was then viewed with such animosity by the US that there were attempts to boycott French products and French fries were renamed “freedom fries’ in some American restaurants.
The two countries have, in the past, enjoyed a close relationship, dating back to the 1775–1783 American War of Independence, when France helped the US free itself from British rule.
Christopher Harmer, of the Washington DC-based Institute for the Study of War, told FRANCE 24 that there is still a strong willingness in the US to cooperate with the French on military matters.
“We are very comfortable working with the French. (…) The French and American militaries don’t do a lot of operations together, but when they do the French perform admirably,” he said.

US GOVERNMENT MAP OF AREAS REPORTEDLY AFFECTED BY AUG. 21 CHEMICAL WEAPONS ATTACK

Nevertheless, a Franco-US offensive alliance in Syria would be a “unique situation” in modern times, says Bruno Tertrais from the Foundation of Strategic Research.
"The Americans and the French have worked together on the frontline in the past as in Lebanon in the 80s and 90s, but I don't recollect an offensive coalition comprising the Americans and the French but not the British," he told the AFP news agency.
"We are in exactly the opposite situation to 2003," added Tertrais. "The United States does not need anybody militarily. But it is extremely important for them not to be alone politically."

No mention of Britain

In something of a diplomatic snub, Kerry pointedly failed to mention Britain in Friday’s speech.
The UK’s Prime Minister David Cameron had been in favour of backing an armed intervention in Syria but his motion sanctioning military action suffered a shock defeat in parliament, something likely to weigh negatively on Britain’s so-called “special relationship” with the US.
Kerry did, however, point to support for action against Syria from a number of other nations, including those in the Arab world.
“The world is speaking out. And many friends stand ready to respond. The Arab League pledged ‘to hold the Syrian regime fully responsible for this crime’,” he said.
“Turkey said there is no doubt that the regime is responsible.
“The Australian prime minister said he didn’t want history to record that we were, ‘party to turning such a blind eye’.”

http://www.france24.com/en/20130831-syria-with-uk-out-us-flatters-oldest-ally-france-john-kerry

vendredi 30 août 2013

La Maison-Blanche est décidée à frapper Damas

(...) Ce qui frappe aussi, dix ans après l'Irak, c'est que la France sera sans doute l'un des seuls alliés à aller au charbon avec les États-Unis (avec peut-être la Turquie). C'est un sacré pied de nez à l'histoire et à ceux qui se gaussaient de la supposée couardise française, parce que Paris avait refusé d'avaler la pilule de l'existence d'armes de destruction massive en Irak. Entre la Libye, le Mali et maintenant sans doute la Syrie, la France s'impose comme l'allié naturel et indispensable, plus encore que la Grande-Bretagne. Son appui, précisément parce qu'elle avait eu le courage d'exprimer son désaccord, il y a dix ans, est précieux et apporte une validité certaine aux informations des agences de renseignement américaines.

http://www.lefigaro.fr/international/2013/08/30/01003-20130830ARTFIG00441-la-maison-blanche-est-decidee-a-frapper-damas.php

mardi 30 juillet 2013

Les Américains ont peur des vacances

Les Américains prennent si peu de vacances qu'a été attribué à leur pays le titre de "no-vacation nation" : le pays sans vacances. Selon un rapport publié sous cet intitulé en 2007, et mis à jour en mai 2013, par le Center for Economic and Policy Research (CEPR), un cercle de réflexion de gauche, c'est même la seule économie développée où les congés payés ne sont pas obligatoires.
Il ne faudrait pas en déduire que les citoyens des Etats-Unis ne partent pas en vacances. Branche par branche, entreprise par entreprise, les employeurs accordent des jours de congés aux salariés. Mais aucune loi ne les y oblige ni ne garantit le droit à des congés payés. Selon le Bureau des statistiques du travail, un quart des Américains, soit 28 millions de personnes, ne bénéficient pas de congés payés : 10 % des salariés à plein temps et 60 % de ceux qui travaillent à temps partiel n'ont pas de vacances ou ne sont pas rémunérés s'ils en prennent.
UN FARDEAU POUR L'EMPLOYEUR
Reste que les Américains n'ont pas la religion des vacances, encore moins du farniente. Les congés indemnisés sont avant tout vus à travers les lunettes de l'employeur : non seulement il faut compenser l'absence de revenus, mais il faut continuer à payer le personnel.
"En Europe, les vacances sont perçues comme quelque chose de sain pour les employés, de bon pour la motivation. Ici c'est un fardeau pour les employeurs et un privilège - non un droit - pour les travailleurs",explique Ariane Hegewisch, directrice d'études à l'Institute for Women's Policy Research, un institut de recherches de Washington.
La durée moyenne des congés payés, secteurs public et privé confondus, est de douze jours par an (sans compter les jours fériés). Pourtant, un tiers des bénéficiaires n'arrivent pas à les prendre en totalité et rendent trois jours en moyenne à leur employeur. La même proportion d'un tiers reste en contact fréquent avec le bureau ou relève régulièrement ses e-mails professionnels.
"Aujourd'hui, la durée moyenne de séjour dans le parc de Yosemite, en Californie, est de cinq heures, explique John de Graaf, le responsable de Take Back Your Time ("Reprenez votre temps"), une association qui milite pour l'allongement des vacances. La génération précédente y passait 48 heures."
FAINÉANTS
Héritage du puritanisme ? Les Américains emploient le terme de work ethic pour qualifier l'assiduité au bureau, comme s'il y avait une morale dans le surmenage. Travailler est une activité noble, qui élève. "L'idée même de vacances n'a jamais été sans anxiété ", écrit Cindy Aron, dans son "Histoire des vacances aux Etats-Unis" (Working at Play. A history of vacations in the United States, Oxford University Press, 1999, non traduit). Le conformisme social joue à plein. "Les gens ont peur d'être pris pour des fainéants", décrit John de Graaf, qui souligne les dangers du "tout productif". "En 1980, on vivait plus longtemps que chez nous dans 10 pays seulement. Maintenant, c'est vrai dans 45 pays."
La crise n'a pas incité à davantage de loisirs. "Le fait de ne pas avoir de droit aux vacances, combiné à la pression économique, rend les gens encore plus inquiets à l'idée de prendre leurs congés", explique MmeHegewisch.
Sans parler de la punition qui attend, au retour, celui qui s'est absenté trop longtemps. "Les Américains ne sont pas habitués, comme en Europe, à "couvrir" pour ceux qui sont en vacances. Les entreprises ne ferment pas. Quand les employés rentrent, c'est un tel stress pour rattraper le retard que beaucoup préfèrent limiter leurs vacances à une semaine", indique John de Graaf. Les salariés morcellent leurs congés, s'organisent des week-ends de trois jours. Seuls 14 % d'entre eux prennent deux semaines consécutives. Trois semaines ? C'est un signe extérieur de richesse - et d'excentricité.
DANS LES ADIRONDACKS
La situation n'a pas toujours été aussi extrême. Les vacances à l'américaine ont commencé dans une grande vague d'enthousiasme, peu après la guerre de Sécession, lorsqu'un jeune et svelte prédicateur de Boston publia Adventures in the Wilderness, récit de voyage dans les Adirondacks, une région montagneuse traversée de lacs et de rivières, dans le nord de l'Etat de New York.
William Murray - le pasteur - décrivait avec ravissement les forêts de la région, louait la pureté de l'air, la fraîcheur des ruisseaux qu'il avait descendus en canoë. Il affirmait que c'était une expérience dont le citadin, affaibli par la vie en ville, sortait régénéré. Au contact de la nature, l'homme retrouvait force physique et spirituelle.
Paru au printemps 1869, le livre fut un best-seller inattendu. Jusque-là, l'idée de wilderness, la nature à l'état sauvage, inspirait la crainte. Dès l'été, des centaines de New-Yorkais se ruèrent à la découverte des Adirondacks, un eden que la nouvelle ligne de chemin de fer avait mis à 36 heures seulement de Manhattan.
En 1875, quelque deux cents hôtels et campements opéraient dans les montagnes. Les grandes fortunes de l'époque - les Vanderbilt, les Rockefeller, les Carnegie - se firent construire des camps de luxe où leur famille prenait ses quartiers d'été.
En quelques années, l'habitude fut prise de "vider" (vacate) les appartements de Manhattan à la fin juin. Le terme vacation était né. Il allait rapidement remplacer le mot britannique holiday, qui désigne aujourd'hui aux Etats-Unis les fêtes et les jours fériés.
Au début du XXe siècle, l'apparition de la voiture lance des millions d'Américains à la découverte de leur pays. Le phénomène s'amplifie après la seconde guerre mondiale, avec le développement de l'industrie automobile. A partir de 1956, les autoroutes continentales commencent à sillonner le pays.
L'ÂGE D'OR DES VACANCES EN FAMILLE
En 1959, Alfred Hitchcock fait lui-même la promotion de La Mort aux trousses (North by Northwest), le film où il promène le spectateur - et Cary Grant - de Manhattan au mont Rushmore et à ses figures présidentielles taillées dans la roche. "Avez-vous déjà planifié vos vacances ?", demande-t-il dans la bande-annonce. Les loisirs se démocratisent, être bronzé n'est plus un signe de pauvreté. Seuls les domestiques et les ouvriers agricoles n'ont pas accès aux vacances.
Les magazines vendent l'attrait de la découverte, Hemingway, Faulkner, Steinbeck écrivent pour le magazine Holiday... C'est l'âge d'or des vacances en famille, les enfants empilés à l'arrière de la berline. Celles du Midwest descendent vers les plages de l'Atlantique, cadres et professions libérales achètent des bungalows sur la côte est - "the Jersey shore", berceau aujourd'hui encore de la culture populaire. Camper est un must : les enfants font ainsi l'expérience du wilderness - cette notion désormais consubstantielle à l'identité américaine.
Les Noirs qui le peuvent sacrifient aussi au road trip mais dorment dans des motels séparés. Quand la ségrégation ne les force pas à passer la nuit dans leur voiture, une expérience humiliante qui contribuera à l'explosion de la lutte pour l'égalité dans les années 1960.
L'ENGRENAGE INFERNAL "TRAVAILLER-DÉPENSER"
A ce stade, le temps de travail aux Etats-Unis est encore comparable aux normes européennes. Tout se gâte dans les années 1970, après la crise et le choc pétrolier. En 1992, l'économiste Juliet Schor, de Harvard, montre que les Américains ont subi une réduction de leur temps de loisir annuel de 140 heures en vingt ans. Elle dénonce "la maladie de la classe moyenne"américaine, entraînée dans l'engrenage infernal "travailler-dépenser". L'Europe, au contraire, allonge d'une semaine, voire deux, la durée des vacances.
Le fossé se creuse encore vers les années 1990, avec le début de la plus longue période de prospérité - et de consommation effrénée - que les Etats-Unis aient connue. Aujourd'hui, selon le Bureau des statistiques du travail, l'employé américain travaille en moyenne 100 heures de plus par an que dans les années 1970. Pour les femmes : 200 heures, soit cinq semaines, de plus.
Que font les Américains de leurs maigres vacances ? Selon Heather Hunter, de l'Automobile Association of America, les principales destinations sont Orlando, en Floride (pour Disneyworld), Anaheim, en Californie (pour Disneyland), Las Vegas, dans le Nevada (pour les casinos), et Washington, la capitale fédérale. "Les croisières sont très populaires, ajoute Mme Hunter. C'est le meilleur rendement. Tous les coûts sont compris : voyage, activités, repas."
UN PROJET, VOIRE UN EXPLOIT
Les Américains aiment les getaway, ces escapades-défouloirs d'un week-end à La Nouvelle-Orléans, Las Vegas ou Cancun où l'on s'offre des beuveries d'anthologie. Mais le plus souvent, ils rendent visite à leur famille, et il y en a toujours à l'autre bout du pays. S'étaler sur une plage est plutôt prolétaire. Les familles aisées prennent une semaine à Québec ou au Costa Rica, les divorcés s'inscrivent à un atelier de peinture en Toscane...
Pas question d'errer dans l'inutile, les vacances exigent un projet, voire un exploit. Une fois tous les cinq ans, les plus dynamiques embarquent pour une grande expédition qui, exceptionnellement, vaudra plus d'une semaine d'absence : parcourir le sentier des Appalaches, grimper le sommet le plus haut de l'Amérique du Nord... Environ 16 % des lycéens travaillent, soit deux fois moins qu'en 1990. Mais les étudiants sont encore 40 % à prendre des petits boulots tout l'été.
Faute de grands départs et de grande transhumance, les Etats-Unis ne connaissent pas le phénomène de la "rentrée". Un concept qui n'a pas de traduction immédiate ("back to school" est ce qui s'en approche le plus). Les vacances se terminent comme elles sont venues : par un long week-end (trois jours entiers !) début septembre. C'est Labor Day : la fête qui célèbre le travail.
Le Monde

mardi 16 juillet 2013

Jason Riley: Race, Politics and the Zimmerman Trial

...Any candid debate on race and criminality in this country would have to start with the fact that blacks commit an astoundingly disproportionate number of crimes. African-Americans constitute about 13% of the population, yet between 1976 and 2005 blacks committed more than half of all murders in the U.S. The black arrest rate for most offenses—including robbery, aggravated assault and property crimes—is typically two to three times their representation in the population. The U.S. criminal-justice system, which currently is headed by one black man (Attorney General Eric Holder) who reports to another (President Obama), is a reflection of this reality, not its cause....

http://online.wsj.com/article/SB10001424127887323394504578608182550247030.html?mod=WSJ_Opinion_LEADTop

vendredi 12 juillet 2013

Le New York Times et la « morosité française » : la guerre des chroniqueurs

La France est morose, c’est grave docteur ? Deux chroniqueurs du New York Times se sont penchés à 48 heures d’intervalle, sur l’état de notre malheureux pays, et en ont tiré des conclusions opposées !

Photo noir et blanc pour Maureen Dowd(capture d’écran)
Maureen Dowd, la chroniqueuse vedette en matière de politique intérieure américaine, visiteuse régulière de Paris, a tiré la première sur un air de Françoise Sagan, sous le titre : « Adieu à l’ancien monde, bonjour tristesse », ces deux derniers mots en français dans le texte.
Elle a fait le tour de Paris, de la Fashion Week à Versailles au Rostand, le café qui fait face au jardin du Luxembourg, cité Catherine Deneuve et François Dubet, ainsi que l’incontournable Claudia Senik, professeur à l’Ecole d’économie de Paris et à la Sorbonne, « devenue la coqueluche des médias avec ses recherches sur le malheur français » (et que Rue89 avait interviewée en avril dernier).
Sa conclusion assez sombre, résumée par Courrier international :
« Les Français sont les champions de la déprime, estime cette éditorialiste américaine. Un tel état d’esprit pessimiste provient non seulement d’une actualité morose, mais aussi d’une façon bien hexagonale de voir la vie. »

France profonde


Le « malaise glorieux » de Roger Cohen(capture d’écran)
Voilà que deux jours plus tard, dans les mêmes pages « Op-Ed » (opinions & éditoriaux), paraît une chronique de Roger Cohen, vieux routier de la politique étrangère, qui semble prendre le contre-pied de sa consœur, faisant de cette « morosité » une force.
Son article est daté de Raphèle-les-Arles, en Camargue, alors que celui de Maureen Dowd était daté de Versailles, il ne cite aucune star de la sociologie, et plonge dans ce qu’il appelle, là aussi en français dans le texte, la « France profonde ».
On ne la lui fait pas, à Roger Cohen, sur la morosité française. Il cite à l’appui un auteur qui avait déjà tout écrit en 1997 sur le « doute français » : lui-même, alors qu’il était correspondant du New York Times en France. Son article de l’époque dit à peu près la même chose que Maureen Dowd aujourd’hui, et il en tire la conclusion que la morosité est « aussi française que la monarchie britannique »...
Et pour bien appuyer la différence avec sa collègue et néanmoins chroniqueuse rivale de la même page, Roger Cohen cite un éleveur de taureaux de Camargue, qui n’est autre que l’oncle de l’épouse de son fils !

« Dans la vie, il ne faut pas s’emmerder »

Emile Trazic a une philosophie qui se retrouve en bon français dans le New York Times :
« Dans la vie, il ne faut pas s’emmerder » (en anglais ça donne : « In life, don’t take any crap »).
La conclusion de Roger Cohen vaut son pesant de New York Times du dimanche :
« Il vaut mieux se sentir malheureux qu’hypocrite, mal à l’aise que naïf – et surtout mieux vaut être morose que plein d’illusions. »
Entre le regard condescendant sur la « tristesse » française face au monde qui n’est plus, et celui, exagérément optimiste sur la morosité comme trait de caractère normal, on n’est pas obligé de choisir. Surtout quand on ne se reconnait ni dans l’un, ni dans l’autre.
Mais le « malade » français est suffisamment intrigant pour que l’on se penche sur son sort avec autant d’attention et d’affection. Voilà au moins de quoi nous faire sortir de notre morosité nationale un instant pour en (sou)rire.
http://www.rue89.com/2013/07/12/new-york-times-morosite-francaise-guerre-chroniqueurs-244192

Cette humeur revêche est plus une forme robuste de réalisme qu'un signe de malaise. C'est l'amertume de la sagesse. C'est un clin d'œil aux opinions de Hobbes, qui disait que la vie d'un homme, dans l'ensemble, est "solitaire, pauvre, cruelle, brutale et brève".

Rien ne surprend, rien ne choque (surtout dans le domaine du mariage et du sexe), et en fait rien ne déçoit vraiment. Loin d'être morose, l'attitude française manifeste une franchise tonifiante. Aucun autre peuple ne sait aussi clairement hausser les épaules. Aucun autre n'est autant l'objet de tant de romantisme alors qu'il est lui-même si peu romantique. Aucun autre n'intériorise aussi pleinement l'idée qu'en fin de compte nous sommes tous morts.

N'empêche, la morosité n'est qu'un petit travers dans un pays où la médecine est superbe, où l'éducation fonctionne, un pays d'une immense beauté, dont les vins sont les seuls dignes d'être bus, dont l'armée fait bien son boulot au Mali, où les familles sont solides et qui s'appuie sur la sagesse pragmatique de la France profonde*. Le malaise et l'ennui* sont à la France ce que le dynamisme est à l'Amérique : un emblème arboré avec fierté.

samedi 29 juin 2013

Joseph Robinette

Joseph Robinette "JoeBiden, Jr. (born November 20, 1942) is the 47th and current Vice President of the United States, jointly elected with President Barack Obama. He is a member of the Democratic Party and was a United States Senator from Delaware from January 3, 1973, until his resignation on January 15, 2009, following his election to the Vice Presidency. In 2012, Biden was elected to a second term alongside Obama.

http://en.wikipedia.org/wiki/Joe_Biden

jeudi 27 juin 2013

Obama et le silence des bobos...

AFP
Washington — Le Sénat américain devait approuver jeudi une réforme historique de l'immigration qui, si elle était confirmée par la Chambre des représentants, conduirait à des millions de régularisations et à un renforcement exceptionnel des mesures de sécurité à la frontière avec le Mexique.
(...)
En échange d'un processus de 13 ans au terme duquel les personnes en situation irrégulière pourront demander la naturalisation américaine, le plan prévoit le déploiement sans précédent de 20.000 agents supplémentaires le long des 3.200 km de frontière avec le Mexique, en plus des 18.000 déjà en place, consacrant l'agence de protection de la frontière comme la mieux dotée des agences civiles de sécurité de l'Etat fédéral -plus que le FBI.
La quasi-totalité de la frontière terrestre sera bordée de clôtures, même dans les zones les plus désertiques où les passages sont souvent mortels. Une partie des 2.000 km du fleuve Rio Grande sera également doublée de barrières.
Un arsenal paramilitaire de surveillance (caméras, détecteurs de mouvements, radars) aidera les policiers à détecter toute personne tentant de traverser la frontière. Des drones voleront jour et nuit.
Malgré l'austérité ambiante, les élus n'ont pas regardé à la dépense. Mais le coût faramineux de la réforme, 46 milliards de dollars dans les 10 premières années, soit une augmentation de moitié du budget actuel, sera en théorie absorbé par l'augmentation des recettes fiscales due aux régularisations. En sortant de l'ombre, les sans-papiers paieront plus d'impôts à l'Etat fédéral et participeront à la réduction du déficit.
Pour exclure du marché du travail les clandestins qui arriveraient encore à pénétrer la forteresse Amérique, le Congrès entend obliger tous les employeurs du pays à vérifier, via un système informatique fédéral, que leurs employés ont un permis de travail.
(...)
Il sera plus facile aux doctorants, aux chercheurs, aux diplômés scientifiques d'universités américaines d'obtenir un permis de séjour permanent, également connu sous le nom de "carte verte", un sésame actuellement extrêmement difficile à décrocher. Et un système de points, au mérite, permettra l'attribution de plusieurs dizaines de milliers d'autres cartes vertes par an.
Mais la loterie de cartes vertes, dont profitent chaque année des dizaines de milliers d'Africains, serait supprimée selon ce plan.
(...)

samedi 22 juin 2013

EXCEPTION CULTURELLE : QUAND BARACK OBAMA MENACE FRANÇOIS HOLLANDE DE "REPRÉSAILLES"

PAS CONTENT - Si la France est parvenue à un compromis pour préserver son "exception culturelle" dans le secteur de l'audiovisuel, en vue de l'accord commercial entre les Etats-Unis et l'Union européenne, ce n'est pas sans avoir irrité outre-atlantiqueEt Barack Obama ne fait pas exception.

Ce 22 juin, Le Figaro rapporte dans ses confidentiels les "menaces" du président américain à l'encontre de François Hollande. La scène se déroule le 14 juin, lors d'une visioconférence préparatoire au G8 incluant les deux chefs d'Etat mais aussi Angela Merkel, David Cameron et Enrico Letta,  quelques heures avant que la France ne défende son exception culturelle devant les vingt-sept pays membres de l'UE.

Dans cette visioconférence, on savait que Barack Obama avait estimé que l'exclusion de l'audiovisuel des négociations "ne serait pas bonne".

A en croire le quotidien, il est allé bien plus loin en mettant en garde François Hollande. Pour lui, il est hors de question que ce principe d'exception culturelle, qui permet par exemple à la France de maintenir des quotas de diffusion d'oeuvres européennes à la radio et à la télévision,soit étendu aux nouvelles technologies, comme internet. Paris comptait pourtant bien se protéger aussi dans ce domaine.

Le Figaro raconte :

Obama a menacé le président français de "représailles massives" si "l’exception culturelle"était étendue aux nouvelles technologies.

Selon un participant à la vidéoconférence, le président américain a affirmé qu’il "ne plaisantait pas" et précisé qu’une liste de contre-mesures pouvait être transmise à Paris pour que François Hollande "se rende bien compte de ce que cela veut dire".
Le compromis trouvé avec les 27 états membres de l'UE prévoit que le secteur de l'audiovisuel pourra être ajouté "plus tard" dans le mandat des négocations commerciales avec les Etats-Unis. La Commission, qui craint que les Américains décident de retirer eux-aussi certains domaines des discussions, se réserve la possibilité de réviser les termes du mandat.