mercredi 15 février 2012

Le logiciel français, cet illustre inconnu

Allumer un ordinateur est assurément un mauvais moment à passer pour les adeptes du "made in France".

Dès le démarrage, l'industrie française frappe par son absence. Le système d'exploitation est selon toute vraisemblance américain, qu'il s'agisse de Windows, qui détient 83 % des parts de marché en France, ou de MacOS, qui suit avec 11 %.

Les applications à portée de souris ne rassurent pas davantage sur la compétitivité hexagonale. Le moteur de recherche ? Américain. Les outils de bureautique ? Américains. L'antivirus ? Tchèque (les sociétés Avast et AVG détiennent conjointement 25 % du marché mondial) ou allemand (Avira en détient 12 %).

La France serait-elle incapable de produire des logiciels de classe mondiale ? Erreur. La France est, selon l'Association française des éditeurs de logiciels (Afdel), la cinquième industrie mondiale du secteur, après les Etats-Unis, le Japon, l'Allemagne et le Royaume-Uni.

Au total, 2 500 éditeurs emploient 70 000 personnes. Les 300 premiers éditeurs français ont encaissé 7,7 milliards d'euros de chiffre d'affaires en 2010, affichant une croissance de 14 % sur l'année, selon le Syntec numérique, le syndicat professionnel qui regroupe les entreprises du secteur. Non seulement le logiciel français existe, mais il est plutôt bien portant, et il s'exporte. Les 100 plus gros éditeurs tricolores vendent 60 % de leur production à l'international.

Pourquoi, alors, les logiciels français passent-ils en dehors du radar ? La première raison de ce manque de notoriété tient aux caractéristiques des produits.

Là où les Etats-Unis, qui comptent 74 entreprises dans le Top 100 mondial, ont développé une industrie grand public, tournée vers le consommateur final, les Français se sont d'emblée spécialisés dans les produits professionnels. Du "B2B" ("business to business", d'entreprise à entreprise) de pointe, technique, souvent sur mesure, qui reflète la culture d'ingénieurs des Français.

Ainsi, les logiciels équipant les salles de marché du monde entier ont été conçus par le français Murex. De même les logiciels de CAO (conception assistée par ordinateur) développés par Dassault Systèmes sont aussi discrets qu'omniprésents. "Qu'il s'agisse de design, de simulation ou de production, nos outils sont utilisés pour concevoir tous les avions commerciaux actuellement sur le marché, huit voitures sur dix dans le monde, ainsi que des machines à laver, les téléphones Nokia, les shampoings Procter & Gamble...", énumère Bernard Charlès, le directeur général.

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http://www.lemonde.fr/economie/article/2012/02/13/le-logiciel-francais-cet-illustre-inconnu_1642470_3234.html

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