samedi 30 janvier 2010

Sempé, le Frenchie de New York, pour la première fois à Angoulême




Sempé, le Frenchie de New York, pour la première fois à Angoulême Invité d’honneur du 37e Festival international de la bande dessinée d'Angoulême qui a ouvert ses portes hier, Sempé revient sur les couvertures qu'il a réalisées pour la revue "The New Yorker", mais refuse d'être considéré comme un auteur de BD.

En 1974, Angoulême accueillait son premier festival international de la bande dessinée. Quelques années plus tard, en 1978, l'illustrateur français Jean-Jacques Sempé publiait pour la première fois dans le célèbre magazine américain "The New Yorker", en couverture s'il vous plaît... Pourtant, ces deux institutions de la BD ne s’étaient jamais croisées. C'est donc peu dire que Benoît Mouchart, le directeur artistique du festival d'Angoulême, était fier de son coup en présentant Sempé lors de l'ouverture de la 37e édition de l'événement, hier.


Un Sempé goguenard, plus bavard que d’habitude, qui a commenté pendant une heure son coup de crayon et son New York, celui qu’il croque depuis plus de trente ans avec raffinement pour la plus élégante des revues new-yorkaises. De cette ville et de sa revue, Sempé est tombé amoureux lors de son premier voyage sur la côte est américaine, en 1965. À l’époque, le jeune Bordelais est inconnu aux États-Unis, alors que "Le petit Nicolas" fait déjà beaucoup parler de lui en France. Quant à "The New-Yorker", le magazine est déjà une institution de la presse américaine : fondé en 1925, intello, sophistiqué et politisé, l’hebdomadaire publie reportages, dessins, essais et critiques. Son ton et son style en ont fait une référence, autant que ses célèbres couvertures - des dessins réalisés par les plus fins crayons.


"C’est Chaval [un célèbre dessinateur humoristique de l’après-guerre, ndlr] qui m’a conseillé de contacter 'The New-Yorker'", raconte Sempé. Immédiatement, la revue apprécie l'élégance de son trait, son personnage fétiche - M. Lambert - perdu dans d'immenses décors, ses tons pastels, et l’humour aristocratique qui fait mouche dans ses ouvrages intitulés "Rien n’est simple" ou "Bonjour bonsoir". Le dessinateur, lui, ne jure déjà que par les illustrateurs américains : "J’adore James Thurber, Peter Arno, Saul Steinberg", tous piliers du "New-Yorker". Leur collaboration commence en 1978, le 14 août exactement, avec une couverture restée célèbre. Elle représente un homme au corps d’oiseau, cravaté, perché sur la fenêtre d’un building, qui contemple avec inquiétude la ville sous ses pattes.




Des dessins pour la revue new-yorkaise, Sempé en réalisera une centaine dans la trentaine d'années suivante, croquant les promeneurs de Central Park, les gratte-ciel de Broadway, la légèreté d’une joueuse de flûte ou d’une ballerine face à "cet environnement urbain lourd, métallique", ou y mettant en scène ses héros récurrents : musiciens, oiseaux, chats, vélos - ancien livreur-cycliste, Sempé adore le deux-roues. Toutefois, malgré l'amour qu'il porte à la Grosse Pomme, Sempé ne s’est jamais installé à New York - "Je bredouille à peine leur langue", confie-t-il -, préférant y voyager de temps en temps et dessiner dans son atelier. "Je ne fais pas de croquis, je n’aime pas ça. Tout est dessiné de mémoire […]. Alors oui, je jette de nombreux dessins !"

Des dessins, pas des bandes-dessinées. S’il y a bien une chose que Sempé déteste, c’est d'être classé parmi les auteurs de BD. Est-ce pour cette raison qu'il fut absent du festival d'Angoulême pendant tant d’années ? Dans l’amphithéâtre de la Cité internationale de la bande dessinée, où Sempé s’exprime, personne n’osera lui poser la question. Lui dit faire des "histoires dessinées", préférant se rattacher à la tradition du dessin d’humour, non à celle du cartoon. Et compare ses planches au jazz qu’il aime tant : "Le jazz et le dessin d’humour ont en commun de suggérer les choses."


* La maison d'édition Denoël a récemment publié le livre "Sempé à New-York", qui rassemble l'intégralité des couvertures que Sempé a réalisé pour "The New Yorker".

http://www.france24.com/fr/20100129-sempe-frenchie-new-york-premiere-fois-festival-angouleme-bd-invite-honneur-fidb

1 commentaire:

philippe a dit…

Merci pour le premier dessin de Sempé pour le New Yorker...